HISTOIRE DE CONCHES-EN-OUCHE

Histoire de Conches en Ouche

Découvrir Conches

Conches, à l'extrémité orientale du Pays d'Ouche, garde des traces de l'occupation gallo-romaine (voie de Chartres à Lillebonne, retranchements en forêt, etc...), ses armoiries : " d'or à une bande d'azur chargée de trois coquilles d'argent " passionnent les érudits. Font-elles allusion à la forme de sa vallée, ou à l'abondance des coquillages de ses étangs, ou mieux encore au souvenir de Conques, en Aveyron, visitée par un des premiers fils de Tosny de retour d'Espagne ?

Toujours est-il que Conches fait son entrée dans l'histoire après la Conquête Normande.

 

A.Malahulce, oncle de Rollon, échoit cette contrée dont un petit fils prendra le nom de Tosny et sera le premier seigneur de Conches. Roger I va guerroyer en Espagne, fonde l'Abbaye de Chastillon-les-Conches et, délaissant sa première forteresse près des sources du Rouloir, édifie le donjon actuel. Son fils Raoul II participe à la conquête de l'Angleterre, y reçoit de vastes domaines. Raoul III, au retour d'un pèlerinage en Espagne, visite Conques en rapporte une relique de Sainte Foy, qui devient la patronne de l'Eglise qu'il fait construire.

 

Tantôt partisan des Anglais, tantôt du Roi de France, les remuants Tosny remplirent tout le XIIe siècle de leurs luttes sanglantes contre leurs fiers voisins de Breteuil, de Beaumont et d'Evreux (curieux épisode de la Guerre des Belles Dames, 1093).

Mais la royauté française s'affermit et Philippe-Auguste, après la prise du Château Gaillard des Andelys, occupe Conches ; les Tosny s'exilent dans leurs domaines d'Outre-Manche. La seigneurerie de Conches échoua pour peu de temps aux Courtenay, cousins du roi. Robert meurt en Terre Sainte, son fils suit Saint Louis en Afrique et périt à Mansourah. Sa fille Amicie ayant épousé Robert II d'Artois, la terre de Conches passe à cette puissante famille. Robert, en rébellion contre son Roi, s'allie aux anglais, brûle entièrement l'Abbaye, mais est contraint de fuir en Angleterre.

 

Philippe VI incorpore le Comté à La Normandie dont le Duc, devenu Jean le Bon, Roi de France, offre la ville à Chales le Mauvais, son gendre. Celui-ci se révolte et Dugueslin, vainqueur de ses troupes à Cocherel (1364) prend la ville fortifiée après un long siège et reste Comte de Conches jusqu'à sa mort.

Les luttes reprennent à l'invasion anglaise vers 1417. Les Anglais accroissent la puissance défensive du château, sous les ordres du fameux Captal de Buch. Cependant, un des compagnons de la Hire, Robert de Floques, baîlli d'Evreux s'en empare (1440). Il est nommé Capitaine de Conches et la garnison ennemie se retira avec armes et bagages.

Dès 1442, Talbot, célèbre guerrier anglais, reprend la forteresse ; mais après la trêve, le valeureux Robert de Floques, grâce à une puissante artillerie, assiège Conches ; les Anglais définitivement vaincus, partirent " à pied, un bâton entre les mains" (1449).

Conches répara les ruines de cette désastreuse époque, s'étendit au-delà de ses murailles.

Cependant, l'avènement d'Henri IV amène le mouvement de la Ligue. La Ville reste fidèle au Roi. Les Ligueurs, vaincus d'abord, saccagent la cité et l'Abbaye (1590). Le château-fort de se relèvera jamais des dégâts qu'ils y causèrent. Dès 1552, un collège qui sera florissant jusqu'à la Révolution, avait été fondé par Jean Le Vavasseur, abbé du monastère de Conches.

Indifférente aux troubles de la Fronde, après une courte possession par René de Longueil, marquis de Maisons, la Ville, dépendant du comté d'Evreux, devint l'apanage de La Tour d'Auvergne, ducs de Bouillon, jusqu'à la Révolution. Tout le système défensif fut laissé à l'abandon.

La ville s'agrandit à nouveau ; son commerce prospéra, renommés furent ses articles de ferronnerie comme les produits des Forges du Vieux Conches. Les ducs de Bouillon obtinrent la concession du flottage des bois de la forêt par le Rouloir et l'Iton jusqu'à Rouen ; on construisit beaucoup vers le milieu du XVIIIe siècle.

 

Vint la période révolutionnaire.

Conches voit la destruction complète de son abbaye, de trois de ses églises et de leurs richesses artistiques. Deux clubs, les Montagnards et les Sans-Culottes divisent la population. L'Eglise Sainte Foy devient le Temple de la Raison. Les édiles, suspects du modérantisme et écroués à la Conciergerie, sont libérés à la chute de Robespierre et grâce à l'intervention d'une jeune conchoise, Eulalie Savarre, auprès d'un membre du Comité de Salut Public, Robert Lindet.

Il faut ensuite sauver de l'oubli la mémoire de l'abbé Baudard, curé de Conches, qui, malgré l'offre de plusieurs millions, résista à la demande formulée par Louis-Philippe de transférer à la Chapelle Royale de Dreux nos admirables vitraux.

 

En 1844, la construction de la voie ferrée Paris-Cherbourg transforme la vie économique et sociale de la cité. Un nouvel hôpital-hospice est inauguré en 1869 sur l'emplacement de l'abbaye. Cet hôpital remplaçait l'Hôtel-Dieu fondé par Nicolas Rougueulle en 1479 et plus loin encore le premier hospice établi sous Saint Louis. Il existait de même une léproserie au hameau de Valeuil.

Survient la guerre de 1870. La Ville est occupée par les Prussiens du Major Waldersee. Le meurtre d'un ulhan sur la route de Lyre vaut à Conches une heure de pillage.

 

A nouveau, avec le progrès du machinisme, les Forges du Vieux Conches connaissent une ère de prospérité. Elles produisent d'artistiques plaques de cheminées et la flèche centrale de la Cathédrale de Rouen sort de leurs ateliers.

1914 voit le départ des conchois pour la grande guerre. Des territoriaux français logent en ville. Les troupes anglaises, puis le corps forestier canadien créent une pittoresque activité. Puis c'est le retour de nos prisonniers d'Allemagne...et la vie reprend son cours.

1939. Aux lugubres accents de la sirène, les conchois répondent à nouveau à l'appel aux armes. 1940. C'est le douloureux exode des Belges et des populations du Nord. Les chasseurs ardennais font étape, puis les cuirassiers français, sortant de l'enfer de Dunkerque, viennent se reformer et repartir vers Montlhéry et La Loire. Deux cents habitants seulement restent à Conches, occupée sans combats, mais non sans pillages. Ce sont alors les mesures restrictives de l'occupant : couvre-feu, gardes sur les voies ferrées, construction d'un grand terrain d'aviation aux portes de la ville et les menaces aériennes qui en découlent. Septembre 1943. Premier bombardement qui ne fit qu'une victime. 1944. les abris dans les vieux souterrains s'organisent. 12 juin. Douze victimes à la laiterie Maggi et destruction des voies ferrées. 23 août au matin après une nuit agitée (200 obus tombent sur la ville, vide d'ennemis) Conches est délivrée par les Américains arrivant du sud-est. La résistance avait contribué dans notre région à faciliter la victoire alliée : harcèlement des troupes allemandes, mitraillage des véhicules, aide aux aviateurs amis et aux travailleurs réfractaires. Un enfant de Conches, Roger Loutrel, F.F.I, fut torturé par les Allemands avant d'expirer sous leurs coups.

Aujourd'hui Conches est une cité paisible de 5.000 habitants où il fait bon vivre et s'y balader...